A
propos du Plateau :
Marseille
est une ville composée dit-on de 111 villages. Les découpages
administratifs eux-mêmes, ceux de l'INSEE ou de la Direction départementale
de l'Equipement, se conforment peu ou prou à cette vision un
rien lyrique d'une ville qui est aussi - et avant tout - une métropole
régionale tout ce qu'il y a de plus moderne. Parmi ces nombreux
villages qui feraient Marseille, il en est d'anciens et parfaitement
identifiés par les habitants (Le Panier, Mazargues, Saint-Barnabé,
Les Catalans, L'Estaque, La Rose, La Pointe-Rouge, Les Chartreux, etc.)
et il en est d'autres de composition ou recomposition plus récente.
Ainsi en va-t-il du "Plateau" qui nous occupe ici. Le "Plateau",
vous n'en trouverez aucune trace dans les entités administratives
urbaines. Situé au carrefour des 1er, 5eme et 6eme arrondissements
de la ville, c'est l'association de trois quartiers voisins, réunis
sur les pentes d'une colline et le plateau au sommet de celle-ci. Paradoxalement,
la partie supérieure de cet ensemble, le véritable "plateau",
est en fait le quartier de "La Plaine". Légèrement
en contrebas, celui du Cours Julien descend de La Plaine vers la Canebière,
tandis que la troisième entité de ce "Plateau"
est le minuscule quartier de Notre-Dame-du-Mont, centré autour
d'une belle église qui a donné son nom au secteur. Le
mont, la plaine, le plateau, la toponymie est ici on ne peut plus géographique,
et l'ensemble du secteur constitue de facto une zone tout à fait
repérable dans le centre de Marseille, par sa géographie
- c'est une des collines de la ville - mais surtout par ses activités
: c'est un secteur très commerçant, où la vie nocturne
est très intense, en fait un des quelques lieux de la ville qui
exercent une véritable attirance - à la fois bourgeoise,
festive, commerciale, artistique et populaire - sur l'ensemble de la
cité. Un lieu important pour Marseille, qui, toutes proportions
gardées, a des airs de Soho, de Quartier Latin ou de Greenwich
Village.
On y vit beaucoup la nuit, la marge constitue ici une forme de norme,
l'argent n'y manque pas, qu'il soit licite ou illicite, et le caractère
urbain est sans ambiguïté.
Introduction du livre collectif "Meurtre sur un plateau" (polar
illustré par les photos de Pierre Ciot à paraître
aux éditions de L'écailler du suD).